L’UNECD fait suite à l’OND (Office National dentaire) qui appartenait à l’UNEF Chaque année, l’OND organisait déjà des congrès réunissant les représentants des amicales de chaque école.
Dès le mois d’avril 1946 (congrès national de l’UNEF à Grenoble), l’OND rédige une motion où apparaissent les premières revendications des dentaires :
En décembre 1960, l’OND adhère à la FNEF (Fédération Nationale des Etudiants de France) qui semble plus dynamique et surtout moins politisée. Mais le changement n’aura pas vraiment d’impact sur le manque de dynamisme de l’OND.
C’est ainsi que le 16 juin 1961 la décision de créer une nouvelle association nationale est prise. L’UNECD fut ainsi la première association nationale de filière. Elle fut donc porteuse d’innovation et d’imagination. Les associations des facultés de droit suivront, puis ce sera au tour des associations d’étudiants en pharmacie puis de médecine. Aujourd’hui, 22 associations ont reproduit le schéma proposé par les étudiants en chirurgie dentaire pour se fédérer.
L’Union Nationale des Etudiants en Chirurgie Dentaire a été créée le 16 juin 1961. Elle fait suite à l’office technique des étudiants en chirurgie dentaire de l’UNEF Les associations locales se séparent d’elle, considérant qu’elle se politise et qu’elle ne correspond plus par conséquent aux valeurs d’indépendance qu’ils défendent. Pourtant, les étudiants en chirurgie dentaire s’impliqueront dans l’Union; Charles LERBERT, étudiant en odontologie à Rennes puis Guy PENNE (Futur doyen de la faculté d’odontologie de Paris 7, futur chef du service d’odontologie du CHU de Paris et futur sénateur pour le Parti Socialiste.) de Paris seront présidents de l’UNEF respectivement en 1950 et 1952.
Le premier congrès de l’UNECD aura lieu à Lyon les 2 et 3 mars 1962. Ce sera Monsieur Maurice CHASSIGNOL, fondateur de l’AECDL qui recevra les étudiants en tant que directeur de l’école dentaire. L’UNECD se pose plusieurs questions sur ses actions :
Le premier bureau est composé de JP FORESTIER, président, étudiant à Clermont- Ferrand, de Guy VINCENT, secrétaire général, étudiant à Lyon et de Pierre LANSADE, trésorier, étudiant à Paris (L’association locale des étudiants en chirurgie dentaire de Paris s’appelle alors l’AGE des étudiants en chirurgie dentaire de Paris (elle est encore affiliée à l’UNEF).
Mais l’unité de l’UNECD n’a pas été acquise. Très vite, les étudiants de Paris et de Province s’opposent, notamment à cause de divergences entre les chirurgiens dentistes et les stomatologistes, ces derniers tenant sous tutelle l’enseignement dentaire parisien. Si les étudiants provinciaux considèrent qu’il faut que les études odontologiques prennent leur indépendance face aux études de médecine, les étudiants parisiens, au contraire, souhaitent une plus grande dépendance vis-à-vis des facultés de médecine.
Ce sera la voix des urnes qui tranchera avec l’élection d’un bureau marseillais et non plus parisien. Ces derniers se feront passer pourtant pour les délégués officiels de l’UNECD auprès des institutions.
Cette scission durera jusqu’en 1963, date où les dernières associations étudiantes dentaires adhèrent à l’UNECD et où a lieu la réconciliation entre Paris et la province.
Le troisième congrès national de l’UNECD revient à Lyon les 5 à 8 mars 1964. En 1965, l’UNECD prend enfin une position claire sur sa position quant à la réforme des études dite « Déliberos » instaurant la création d’écoles nationales dentaires. Mais cette affirmation arrive trop tard pour jouer un rôle dans les négociations entre le monde professionnel et le ministère. L’UNECD préconise une médicalisation plus importante des études ainsi que l’accès au doctorat d’exercice, « seul titre universitaire capable de fournir une base à l’enseignement de demain, à la possibilité d’agrégation dans notre spécialité, et ainsi de permettre aux chirurgiens-dentistes de détenir un diplôme qui ne les réduise pas à mendier une place de Chef de Travaux dans une faculté qui les a diplômés.».
En mai 68, l’UNECD profite du mouvement général pour faire avancer ses positions. Faisant preuve d’une rigueur et d’une efficacité exemplaire, elle se fait connaître auprès des acteurs de la profession. Elle participe à la création de l’ADF avec l’UJCD et la CNSD. Ce sera la voix des urnes qui tranchera avec l’élection d’un bureau marseillais et non plus parisien. Ces derniers se feront passer pourtant pour les délégués officiels de l’UNECD auprès des institutions.
Mai 68, manifestation étudiante
En 1973, l’UNECD s’élève avec force à la loi dite « Debré » sur le service militaire. Cette loi stipule que les étudiants doivent effectuer leur service à la fin de leur vingt-cinquième année, que leurs études soient finies ou non. Auparavant, ils bénéficiaient pourtant d’un sursis jusqu’à 27 ans. L’UNECD, lors d’une enquête démontre que 25% des étudiants de 25 ans n’ont pas fini leur cursus, et ce pour quatre raisons objectives :
Devant l’absence d’évolution dans le projet de loi l’UNECD déclare l’entrée en grève générale des étudiants suite à l’initiative des étudiants de Reims (Ceux-ci séquestrent leur vice doyen pour s’assurer une audience médiatique). Le 28 octobre, les étudiants lyonnais entrent en grève. C’est ainsi que sous le commandement du général BIGEARD, le sursis est de nouveau inscrit ans les termes de la loi. En 1982, la durée du service militaire passe même de 16 à 12 mois.
En 1983, le ministre de l’Education Nationale, Monsieur SAVARY, propose une nouvelle loi d’orientation de l’enseignement supérieur bientôt suivi par deux réformes des études odontologiques : la mise en place du troisième cycle court (REVILLARD) et le premier cycle des études médicales (SELIGMAN).
La grève totale est déclenchée dans toutes les facultés et les centres de soins de France pendant un mois et demi. Le projet retardé, sera appliqué en 1985. A Lyon, un service de garde est néanmoins assuré au sein du service de consultations et de traitements dentaire. Durant les premières semaines, le mouvement est calme mais devant le peu d’audience accordée, il se durcit : les défilés ordonnées se muent en barricades de pneus enflammés, avec des contacts « directs » avec les CRS. Pour autant la vie à la faculté doit continuer : les étudiants et le corps enseignants repoussent la tenue des examens en septembre d’un commun accord (Selon certains auteurs [ CHATILLON ], on peut légitimement se demander si ces facilités n’ont été rendus possibles que parce que ces grèves allaient dans le sens des enseignants.).
L’UNECD est à l’origine de la création de l’European Dental Students’ Association, association fédérant les différentes associations étudiante en chirurgie dentaire au niveau européen. Vous pouvez retrouver l’article du Dr. Jean-Luc Bueno sur la création de cette association.
En 1991, l’UNECD s’associe avec l’A.N.E.M.F, l’A.N.E.P.F et l’U.N.E.D.E.S.E.P au sein de ‘Défense Des Etudiants’ pour attaquer au Conseil d’Etat le ministre de l’Education Nationale Lionel JOSPIN pour la mise en place de droits d’inscriptions illégaux. En effet, le ministère envoie un courrier aux recteurs d’académie et aux présidents d’université un arrêté le 10 septembre pour indiquer l’augmentation des droits universitaires de 500 francs à 600 francs. Les quatre associations montent au créneau pour indiquer que cette décision n’est pas parue au journal officiel, ce qui la rend caduque. Le Conseil d’Etat donnera raison à l’UNECD et remboursera 600 000 étudiants (soit 60 millions de francs) qu’il avait touché de manière illégale.
Le sujet n’est pas nouveau puisqu’il s’agit d’une revendication d’avant 1968. Officiellement, les étudiants en chirurgie dentaire ne peuvent exercer dans les centres de soins. Pourtant, ils pratiquent l’art dentaire dès la troisième année dans la plus grande illégalité, même si cela est obligatoire pour obtenir son diplôme. Les étudiants lors du congrès de Clermont Ferrand en 1976 sont unanimes à réclamer l’obtention d’un véritable statut d’externe à l’instar des étudiants en médecine. L’ensemble des organismes professionnels (CNO, ADF, CNSD, UJCD et SNEO) est favorable à la réforme. Pourtant la mise en place de ce statut ne sera effective qu’en 1999, soit 20 ans plus tard (Fait amusant : Seuls l’UNI (droite) et le PC (communiste) relayeront officiellement le mouvement des étudiants au niveau de la sphère politique ; les organisations professionnelles et universitaires odontologiques apportant leur soutien aux étudiants).
En 2017, la convention dentaire doit être renégociée. L’attente est immense pour la profession, qui espère enfin des revalorisations sur les actes conservateurs et la prise en charge de la prévention bucco-dentaire. Lors des négociations, la ministre de la santé, Marisol Touraine, vote la mise en place d’un règlement arbitral : si les négociations échouent, l’état fixera arbitrairement les tarifs des actes opposables et pourra en plafonner d’autres. Devant ce couteau sous la gorge, les syndicats professionnels décident de quitter la table des négociations. Le règlement arbitral est publié et marque un retour en arrière certain pour la dentisterie.
L’UNECD réagit en demandant des rendez vous auprès des institutions et des ministères, mais trouve porte clause. La grève illimitée est alors votée et durera 3 mois, de janvier 2017 à mars 2017. Avec plus de 98% de grévistes dans les centres de soins dentaires de toute la France, plusieurs manifestations sont organisées à Paris, où se rallient les étudiants mobilisés.
Diverses actions coup de poing sont menées par les étudiants en chirurgie dentaire : montage de murs en parpaing devant les CPAM, mise en place d’une banderole de plus de 50m depuis le clocher de la cathédral de Strasbourg… Le hashtag #DENTger est alors utilisé pour alerter la population générale d’une futur baisse de qualité des soins dentaires.
Le 3 mars 2017, la profession dentaire, unie par la lutte contre ce règlement arbitral, se rassemble à Paris pour une manifestation historique. Les étudiants décident alors de quitter l’esplanade des Invalides où la manifestation statique devait se réunir pour remonter et bloquer les champs Elysées, alors ouverts à la circulation.