La pandémie du Covid-19 a contraint notre profession à une cessation brutale d’activité à laquelle elle n’était pas préparée. Les chirurgiens-dentistes se sont alors adaptés en organisant des permanences téléphoniques et des gardes dans le but d’assurer les urgences. Ce 11 mai acte la reprise progressive des soins bucco-dentaires mais il faudra garder à l’esprit que le virus est toujours présent et que nous devons agir en conséquence
Cet article expose, brièvement, les recommandations concernant la reprise de l’activité de soins bucco-dentaires en libéral. Ces recommandations proviennent de divers documents rédigés par l’ADF (Association Dentaire Française), l’ONCD (Ordre National des Chirurgiens-Dentistes), l’UFSBD (Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire), les Sociétés Scientifiques et les différents collèges d’enseignants.
Organisation des locaux
Salle d’attente
L’usage de la salle d’attente doit être limité au maximum, le passage dans celle-ci n’est pas spécialement recommandé : le patient s’installera le plus souvent possible directement dans la salle de soins ce qui aura pour conséquence de revoir la planification de la journée pour le praticien.
Si le passage en salle d’attente est inévitable, il est conseillé de mettre à disposition de la solution hydro-alcoolique (SHA), de limiter les places assises et de les distancer d’un mètre minimum tout en veillant à aérer régulièrement la salle. Si cela n’est pas possible, il faudra surseoir à l’utilisation de celle-ci.
Le respect des gestes barrières est primordial : les consignes d’hygiène devront être affichés et rappelés aux patients.
Les surfaces devront être désinfectées au minimum deux fois par jour et aérées régulièrement, pendant au moins quinze minutes.
Enfin, le cabinet devra prévoir la mise à disposition de masques de protection pour les patients qui n’en disposent pas.
Secrétariat
Le personnel non-soignant devra être séparé des patients par un système de protection anti-projections à l’accueil (vitre, plexiglas…).
Salle de soins
Le praticien doit laisser la porte fermée lors de la séance de soins avec le patient, laisser aérer quinze minutes minimum entre deux patients ou, à défaut, installer un système de filtration de l’air.
Il faudra penser à recouvrir les surfaces informatiques (ordinateurs, souris, clavier…) avec un champ protecteur ou une housse.
Il est nécessaire de veiller à ne laisser entrer que les patients qui nécessitent des soins : pas d’accompagnant ou, dans le cas des personnes vulnérables ou des mineurs non autonomes, un unique accompagnant pourra être autorisé.
L’utilisation des crachoirs sera condamné.
Pour une salle de soins à plusieurs fauteuils :
- Installer un carton ou un sac à DASRI immédiatement accessible ;
- Vérifier la présence d’un bac de pré-désinfection avec couvercle immédiatement accessible.
Si le cabinet dispose de plusieurs salles de soins, les praticiens sont invités à travailler en alternance sur les différents fauteuils.
À ce jour, il n’existe pas de consensus sur l’utilisation de la climatisation.
Gestion des patients
Concernant la prise en charge des patients, son organisation, telle que nous la connaissions, devra nécessairement être adaptée. En effet, avant même la venue du patient au cabinet, un questionnaire devra être établi pour spécifier ses besoins en soins et sa potentielle contagiosité au Covid-19 : ces caractéristiques détermineront la gestion de l’accueil et des actes promulgués au patient en fonction de sa classification dans les groupes A, B, C ou D.
Tableau de classification des patients en fonction de leur symptômes et des facteurs risques” – Recommandations d’experts pour la prise en charge des patients nécessitant des soins bucco-dentaires en période de déconfinement dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 – Ordre National des Chirugiens-Dentistes
Pour ce qui est de la prise de rendez-vous, celle-ci sera également modifiée. Les deux mois d’arrêt d’activité, sans possibilité d’assurer les rendez-vous, ont laissé de nombreux patients en attente de soins. Certains ont dû être pris en charge en urgence et nécessitent aujourd’hui un rendez-vous dans un laps de temps plus restreint que les soins prothétiques par exemple. Ainsi, l’agenda des praticiens, pourtant déjà bien rempli, sera revu afin d’accueillir les patients dans le besoin tout en essayant d’assumer les rendez-vous déjà fixés. Ces derniers seront parfois décalés faute de plage horaire disponible.
Il est important de prévenir les patients : en cas d’apparition de symptômes avant le rendez-vous, ils ne doivent pas se présenter au cabinet et doivent vous recontacter.
Personnel soignant et non-soignant
Bien que la reprise des soins se met en place peu à peu et que les équipes se réunissent à nouveau, la distanciation sociale reste primordiale : les personnels non-soignants veilleront à se protéger du contact avec les patients, à faire respecter les gestes barrières (port du masque, hygiène des mains) et à ne pas accéder à la salle de soins. Leur présence sur place peut être réaménagée afin de limiter les déplacements au strict nécessaire.
Tout professionnel salarié ayant un ou des facteur(s) de risque de forme grave de COVID-19 doit prendre contact avec son service de médecine du travail avant une reprise d’activité. La situation est équivalente pour un praticien libéral qui devra contacter son médecin traitant.
Lorsqu’un professionnel présente des signes évocateurs de Covid-19, il doit interrompre son activité professionnelle et prendre contact avec son médecin du travail ou son médecin traitant.
Pour le personnel soignant, en contact rapproché avec le patient lors du soin, le port des équipements de protection individuelle (EPI) est obligatoire en plus du respect des gestes barrières et des précautions standards d’hygiène. Ces EPI comprennent notamment :
- Port d’une surblouse jetable ;
- Port de masques FFP2 (en cas d’acte générant des aérosols) / masques chirurgicaux ;
- Port de lunettes/visière ;
- Port de la charlotte.
Le port du masque FFP2 (ou équivalent, par exemple N95, KN95…) est requis pendant les soins générateurs d’aérosols mais également lorsque les soignants réalisent le bionettoyage et l’aération de la salle suite à ce type de soins.
Pour l’équipe administrative (qui n’entre jamais dans l’espace de soins), le port du masque chirurgical en continu est requis.
Ces EPI seront accessibles aux praticiens via les pharmacies ou d’éventuelles distributions organisées par les Conseils Départementaux de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes (CDOCD).
Enfin, les recommandations diffèrent selon le type d’acte réalisé. Si celui-ci ne génère pas d’aérosol et n’est pas souillant, les recommandations de protection individuelle et d’aération de la salle de soins sont moindres par rapport à un acte provoquant des aérosols et/ou des souillures.
La réalisation des soins
Actes générant des aérosols
Le patient doit garder son masque au maximum et ne l’enlever uniquement qu’au début du soin.
L’objectif premier est de réaliser des actes produisant le moins d’aérosols tout en favorisant le travail à 4 mains et l’utilisation des 2 systèmes d’aspirations.
Pendant le soin :
- Faire réaliser un bain de bouche antiseptique avant tout soin ;
- Privilégier un contre-angle bague rouge ou bleue plutôt qu’une turbine ;
- Privilégier l’utilisation de la digue dans toutes les situations cliniques possibles puis, une fois la digue posée, désinfecter le champ avec de l’hypochlorite de sodium ;
- Procéder à la stérilisation des portes-instruments dynamiques après chaque utilisation ;
- Privilégier les radiographies extra-orales (plutôt qu’une rétroalvéolaire) afin de limiter le risque de toux.
Gestion des déchets entre chaque patient
La salle de soins doit être aérée au minimum 15 minutes entre chaque patient.
Les EPI doivent être changés ou désinfectés entre chaque patient : ceux souillés devront être jetés dans les DASRI, ceux non-souillés seront placés dans les déchets ménagers (doubler le sac par un deuxième sac, le fermer puis le stocker pendant 24h avant de le mettre à l’enlèvement). Il faudra décontaminer les embouts réducteurs ainsi que les aspirations.
En fin de journée : ne pas utiliser l’aspirateur mais préconiser un lavage-désinfection humide.
Les recommandations figurant dans ce document sont liées à la situation exceptionnelle que nous traversons. Elles sont à jour à compter de la reprise progressive de l’activité des chirurgiens-dentistes dès ce 11 mai. Elles sont complémentaires des précautions standards et des recommandations exposées dans les référentiels en vigueur sur la prévention du risque infectieux en cabinet dentaire (DGS 2006). Néanmoins, il faut avoir à l’esprit qu’elles sont susceptibles d’évoluer en fonction des données disponibles et de l’évolution de la situation sanitaire.
Annexes
ADF : Télécharger le guide
Ministère : Télécharger le protocole
Ordre National des Chirurgiens-Dentistes : Télécharger les recommandations
UFSBD :