CARRIERES HOSPITALO-UNIVERSITAIRES
Dans les centres hospitaliers universitaires, les fonctions d’enseignement et de recherche sont réalisées conjointement par un personnel médical et scientifique comprenant des :
La carrière hospitalo-universitaire est ouverte à tout étudiant thésé ayant pour vocation l’enseignement, l’activité de soins et la recherche scientifique. En parallèle de son cursus universitaire, l’étudiant a la possibilité de réaliser un Master 1. Il consiste en des unités d’enseignements théoriques ainsi qu’un stage en laboratoire de plusieurs semaines. Cela lui permettra, après l’obtention de son diplôme de chirurgien-dentiste d’accéder à une carrière hospitalo-universitaire.
Le CCU-AH, première étape d’une carrière HU, est non titulaire et sous contrat à l’université et à l’hôpital. Il est nommé pour une durée de deux ans, renouvelable maximum deux fois un an. Le CCU-AH est recruté par décision conjointe du directeur de l’UFR (unité de formation et de recherche) et du directeur du CHU concernée et après avis du conseil d’administration de l’UFR et de la commission médicale d’établissement. Il est encore possible (jusqu’en 2027) d’exercer le poste de CCU-AH à temps plein ou à temps partiel hospitalier en odontologie (à la différence des autres postes (PHU, MCU-PH et PU-PH) où le temps plein hospitalier est nécessaire. Afin de devenir CCU-AH, il faut être titulaire d’un M1 (master 1), ou d’un DES (diplôme d’études spécialisées, délivré pour les internes) ou d’un CES (certificat d’études supérieures).
Tout comme les MCU-PH et les PU-PH, les CCU-AH ont la triple mission d’enseignement, de soin et de recherche. Ils assurent ainsi des fonctions d’enseignement pour la formation initiale et continue, participent également aux contrôles des connaissances, d’encadrement des thèses et des TP et en donnant des cours. Le CCU-AH encadre les étudiants dans le service hospitalier et prodigue des soins. Il est intéressant de différencier un CCU-AH d’un praticien attaché qui a une fonction exclusivement hospitalière.
Le CCU-AH peut s’orienter pour être titulaire hospitalo-universitaire (MCU-PH ou PU-PH). Pour cela, il doit avoir validé un Master 2 ou une thèse d’université.
INTERVIEW DU PR. CHAUX
Brève présentation
Je m’appelle Anne-Gaëlle Chaux, et suis actuellement professeur des universités, praticien hospitalier à l’UFR d’odontologie et au CHU de Nantes.
Quel est votre parcours universitaire et professionnel (internat ? mobilité à l’étranger ?) ?
Après les études d’odontologie à Lyon, j’ai passé l’internat en odontologie (à l’époque non spécialisant), car je souhaitais approfondir ma formation en chirurgie et en cancérologie. J’ai été affectée à Lyon, où j’ai pu progresser en chirurgie orale, en cancérologie (stages au centre anticancéreux) mais également en prothèse (adjointe, conjointe, supra-implantaire). En parallèle, j’ai validé mon Master 1, validé le DU de cancérologie des voies aéro-digestives supérieures et commencé le DES de chirurgie buccale. A la fin de l’internat, j’ai été recrutée par un confrère libéral pour développer une activité de chirurgie et implantologie dans leur cabinet. Au bout de 18 mois, on m’a proposé un poste d’assistant hospitalo-universitaire partagé entre la faculté d’odontologie et le centre de lutte contre le cancer.
Au cours de l’assistanat, j’ai validé un Master 2 et débuté une thèse pour le doctorat d’université dans le domaine de la recherche clinique en cancérologie, à l’université de Grenoble. Ensuite j’ai passé le concours de maitre de conférences des universités, activité que j’ai exercée en partageant toujours mon temps hospitalier entre le CHU et le centre de lutte contre le cancer. Une fois la thèse de doctorat d’université soutenue, j’ai préparé l’habilitation à diriger les recherches, puis passé le concours pour devenir PUPH, et j’ai emménagé à Nantes !
Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers une carrière HU (motivations ? recherche ? enseignement ?) ?
Plusieurs éléments m’ont motivée pour une carrière hospitalo-universitaire : d’abord et en tout premier lieu, l’enseignement et la transmission. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressée, depuis que je suis enfant j’ai eu envie d’enseigner. Et pour être un bon prof, il faut se tenir au courant des évolutions dans notre domaine, on n’a pas le choix car les étudiants et les internes nous challengent au quotidien. L’exercice hospitalier m’attirait pour la transversalité, on travaille avec beaucoup de spécialités médicales, et c’est très stimulant. J’ai découvert la recherche relativement tardivement dans mon cursus, et j’ai principalement fait de la recherche clinique, ce qui peut être parfois un peu décourageant mais passionnant.
Avez-vous suivi une formation particulière avant d’exercer à l’hôpital ? Si oui, combien de temps ?
L’internat, différents DU (cancérologie, implantologie), et une expérience de collaboration libérale m’ont aidée à mieux appréhender l’exercice hospitalier.
Avez-vous effectué des travaux de recherche ? S’inscrivaient-ils dans des programmes de recherche nationaux ou internationaux ? Si oui, était-ce une obligation ?
Côté recherche, j’ai d’abord travaillé en imagerie, puis en cancérologie (implantologie en cancérologie). Ce projet était financé par un PHRC-K (national). J’ai ensuite développé un axe de recherche sur l’os irradié en développant un modèle expérimental et en testant différentes modalités de traitement ou prévention de l’ostéoradionécrose. L’intérêt de participer à un programme de recherche national est que cela m’a appris à monter et mener à bien un projet d’envergure.
Pratiquez-vous un exercice en libéral en parallèle ? Si non (exclusivité de l’exercice hospitalier), avez-vous des consultations personnelles et y a-t-il un souhait d’élargir ce type de vacations ?
Jusqu’en 2021, j’ai eu la chance d’avoir un gros exercice personnel à l’hôpital au centre de lutte contre le cancer (environ 45 patients par semaine + du bloc opératoire). Depuis ma prise de poste à Nantes, j’ai une vacation d’activité personnelle, où je réalise principalement des orthèses d’avancée mandibulaire pour répondre à un besoin dans le bassin nantais. Je travaille également au bloc opératoire régulièrement avec les ORL pour la mise en place d’implants extra-oraux.
Quelles sont les différentes missions d’un HU ?
Selon moi, en tout premier lieu, la formation des jeunes professionnels pour la partie universitaire ; et côté hospitalier, prendre en charge de la meilleure façon le patient. Et pouvoir proposer des soins de recours, plus pointus et techniques que ce qui est possible en libéral. Enfin le 3e volet, c’est la recherche : proposer des axes de recherche qui permettront d’améliorer la prise en charge des patients et les connaissances.
Quels sont les avantages et les inconvénients ? Y a-t-il des difficultés particulières liées à ce métier ?
Les inconvénients : beaucoup de travail si on s’investit, et la difficulté à remplir complètement la triple mission d’enseignement, recherche et clinique, le tout en 24h ! Financièrement bien sûr il y a un décalage avec les confrères libéraux, alors qu’on nous demande beaucoup de prérequis afin d’avoir un poste. Et puis la lourdeur des structures hospitalière et universitaire fait que si nous avons un besoin, cela met du temps avant qu’on nous réponde.
Les avantages sont très nombreux, beaucoup plus à mon sens. D’abord le travail en équipe, les échanges avec les collègues, les étudiants, les internes… Ensuite la stimulation intellectuelle, on saute d’un cas clinique à l’autre, on réfléchit comment on peut faire passer un message au niveau pédagogique, on travaille sur un projet de recherche, bref on active à fond nos petites cellules grises. Je trouve clairement que la stimulation intellectuelle est supérieure en milieu HU.
Y a-t-il un écart de revenus conséquent entre profession libérale et hospitalière ?
Oui bien sûr. Néanmoins un enseignant HU titulaire (MCU, PU) a un salaire confortable en regard du salaire moyen français, ou des autres enseignants (du secondaire ou de fac). La déclaration d’impôts est plus simple à faire aussi !!
Comment rendre les carrières HU plus attractives auprès des étudiants ?
Il faut qu’on soit capables de mieux montrer les bons côtés de notre métier, et toutes ses facettes. C’est très varié et cela peut plaire à beaucoup de profils différents. Et aussi de la bienveillance au quotidien dans notre encadrement.
Comment voyez-vous l’évolution du rapport entre l’hôpital public et le libéral ?
La situation est complexe, il faut continuer à prendre en charge les patients habituels et intégrer de plus en plus de nouveaux patients, avec parfois des comportements de soin peu adaptés à notre exercice. Cela peut créer des conflits et une opposition ville-hôpital, ce qui est totalement ridicule, on fait tous le même métier ! Il faut aussi développer les réseaux ville-hôpital, et travailler plus en collaboration. Les praticiens libéraux doivent être intégrés à un vrai réseau de soins, comme en médecine. Tout est à faire, et ce grâce à vous, les jeunes praticiens.
INTERVIEW DU DR.REMAUD, CCU-AH à Nantes
Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?
J’ai validé un Master 1 et j’ai fait une année de praticien attaché avant d’intégrer le service DRE (dentisterie restauratrice et endodontie) à Nantes. J’exerce une activité libérale en parallèle.
Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers une carrière HU (motivations ? recherche ? enseignement ?) ?
Avez-vous suivi une formation particulière avant d’exercer à l’hôpital ? Non
Avez-vous effectué des travaux de recherche ?
Non car pas d’appétence particulière ni d’obligation de la part des chefs.
Quelles sont les différentes missions d’un HU selon vous ?
Triple casquette clinique + enseignement + recherche. J’ai personnellement axé sur l’encadrement clinique parce que ça me permet de conjuguer la partie soin et la partie enseignement.
Quels sont les avantages et les inconvénients par rapport à une activité en libéral ?
Avantages :
Inconvénients :
Y a-t-il un écart de revenus conséquent entre profession libérale et hospitalière ?
L’écart de revenus est conséquent mais salaire HU décent compte tenu du nombre de jours travaillés et offre une stabilité confortable en début de carrière temps partiel le temps d’assurer un revenu libéral constant.
Comment rendre les carrières HU plus attractives auprès des étudiants ?
Absolument conserver le temps partiel !! Il est important de garder un pied en libéral pour la diversité des cas, des techniques, des matériaux et de la formation continue.
Comment voyez-vous l’évolution du rapport entre l’hôpital public et le libéral ?
Je pense que l’hôpital publique (service dentaire) devrait retrouver un meilleur équilibre entre mission d’excellence (spécialistes) et mission de santé publique (urgences par exemple) pour mieux échanger avec le libéral.
INTERVIEW DU DR.PRUD’HOMME, MCU-PH à Nantes
Brève présentation
Je m’appelle Tony Prud’homme, je suis MCU-PH à Nantes.
Quel est votre parcours universitaire et professionnel et pourquoi vous êtes-vous dirigé vers une carrière HU ?
Je ne me destinais pas du tout à faire une carrière hospitalo-universitaire au départ, je me suis intéressé au métier au fur et à mesure des études. J’ai fait une collaboration en libéral classique tout en gardant un pied à la fac car j’avais beaucoup apprécié mon expérience lors des soins des enfants pendant mes études, ainsi mes enseignants m’avaient proposé de rester comme attaché universitaire.
C’était vraiment un coup de chance, une personne s’est désistée pour un poste d’AHU (équivalent maintenant = CCU-AH), ils m’ont proposé de sauter sur l’occasion car j’avais déjà un Master 1, c’est ce que j’ai fait.
Même à ce moment-là, je ne me destinais toujours pas à une carrière HU mais c’était un souhait de me former au maximum, j’ai profité de cette expérience pour le faire à temps plein. Ça m’a permis de passer en même temps un CES (certificat d’études supérieures) pédodontie prévention alors que j’avais déjà fait celui de parodontologie. En voyant l’enseignement qu’amenait la carrière HU et qui m’intéressait beaucoup, je me suis piqué au jeu et on m’a conseillé de faire le plus tôt possible un Master 2. Encore une fois, j’ai profité du temps plein pour faire en parallèle de mon assistanat mon Master 2.
La motivation s’est essentiellement faite sur le fait d’exercer trois métiers en un : praticien hospitalier, enseignant et chercheur. L’avantage d’exercer en hospitalier c’est qu’on a les cas les plus complexes et les plus intéressants : ceux sur lesquels on a besoin de travailler de façon pluriprofessionnelle avec d’autres disciplines.
Avez-vous suivi une formation particulière avant d’exercer à l’hôpital ?
Les compétences de chacun en pédagogie peuvent varier mais il existe des DU de pédagogie médicale pour former et accompagner les candidats. Ce sont des choses qui sont appréciées et valorisées quand on présente un dossier pour devenir MCU-PH ou PU-PH mais ce n’est pas obligatoire, et ce n’est pas quelque chose que j’avais au début.
En revanche, il est extrêmement recommandé d’être compétent dans la matière qu’on va enseigner et pratiquer en clinique. Je me suis formé en fur et à mesure de ma carrière, en plus de mon cursus recherche (M1, M2 et thèse d’université), j’ai le CES de parodontologie, le CES de pédodontie prévention, pour les réhabilitations j’ai également fait celui de prothèse fixée, j’ai un DU de restauration dentaire esthétique et dans le cadre de la traumatologie, je m’étais également formé à un DU d’odontologie légale sur l’aspect en particulier de la réparation du préjudice corporel.
Avez-vous effectué des travaux de recherche ? Si oui, était-ce une obligation ?
Oui, comme j’ai commencé à l’évoquer, à partir du moment où on embrasse une carrière HU, il y a des prérequis obligatoires. Le M1 est fortement apprécié pour faire le clinicat, le M2 est obligatoire pour le poste de MCU-PH et la thèse d’université est fortement encouragée et est considérée comme un standard.
Les travaux de recherche font partie de la triple mission d’un enseignant-chercheur, on ne peut pas complètement occulter cette partie-là de la mission. J’ai effectué ces travaux de recherche avec beaucoup de plaisir à partir du moment où j’ai trouvé ma voie.
Avez-vous des consultations personnelles à l’hôpital et y a-t-il un souhait d’élargir ce type de vacations ?
Quand on veut enseigner, pour moi il faut avoir la compétence pour le faire. Ça n’a pas de sens d’être coupé du patient et de vouloir enseigner à des étudiants des gestes qu’on ne fait pas nous-mêmes au quotidien.
L’intérêt est donc de faire le plus de vacations cliniques possibles et voir un maximum de cas cliniques et de patients pour augmenter ses compétences. L’avantage est de pouvoir se former avec des praticiens extrêmement compétents, car si on est présents à l’hôpital c’est qu’on a un gros bagage de compétences techniques. Ainsi, pendant mon assistanat, je prenais deux voire trois vacations en plus par rapport à ce qu’on est censé faire pour être sûr de pouvoir me former à un maximum d’actes et de techniques.
Au fur et à mesure qu’on augmente les étapes et qu’on a de plus en plus de responsabilités dans la triple mission, c’est difficile de garder un temps de clinique adéquat pour maintenir voir améliorer ses compétences mais c’est quelque chose pour lequel il faut se battre sinon on aura du mal à enseigner sur les matières cliniques. Par semaine, j’ai une consultation d’anesthésie générale et une consultation de MEOPA ainsi que l’encadrement qui me permet de reprendre la main en odontologie pédiatrique ou en urgences, et ça permet de préserver le niveau de compétence.
Je m’en excuse auprès des étudiants que j’ai en vacation (sédation consciente ou anesthésie générale) mais je ne leur laisse pas la main car si je ne pratique pas sur ces vacations, je finirai par ne plus être capable de leur enseigner correctement ce que je fais.
J’ai déjà un tiers de mon temps qui est pris par les vacations cliniques, ce qui est tout à fait normal puisque c’est le cœur de notre métier mais quand on veut travailler et qu’on a nécessité de se renouveler sans cesse que ce soit pour l’enseignement ou pour faire des projets de recherche, c’est compliqué. On en discute souvent avec les collègues, il y a toujours des phases de notre carrière où on est plus ou moins concentré sur l’une des trois missions, il ne faut pas complètement délaisser une de nos missions mais j’aurais du mal actuellement à augmenter ma charge de travail clinique sans délaisser les deux autres missions.
Pensez-vous rester titulaire à l’hôpital ou, à terme, basculer vers une installation en libéral ?
Après mon assistanat, j’ai eu l’occasion de retourner en libéral parce qu’à ce moment-là, mon dossier n’était pas assez complet pour basculer vers un poste de MCU-PH. Même si c’était très sympa et que j’ai beaucoup apprécié, je ne rechoisirai pas pour autant car les cas les plus intéressants sont à l’hôpital et la pluriprofessionnalité est un gros plus dans le travail au quotidien. Je pense rester titulaire à l’hôpital, à moins d’un gros changement dans les conditions de travail.
L’avantage d’être titulaire à l’hôpital, c’est qu’on est toujours au courant des nouveautés pour être à la pointe des données actuelles de la science, ça facilite notre autoformation.
Quelles sont les différentes missions d’un HU selon vous ?
En ce qui concerne la clinique, le but c’est d’être à la pointe des données acquises de la science, d’essayer tant dans ma pratique que dans ce que je montre aux étudiants d’être le plus proche des protocoles, des réglementations, de faire un travail qui soit le plus possible de qualité.
Pour l’enseignement, c’est la nécessité de se renouveler sans cesse, de pouvoir le transmettre de la façon la plus adéquate aux étudiants. En fonction des mentalités qui évoluent chez les étudiants, il y a différentes façons de faire passer le message et ce n’est pas toujours facile de garder l’alignement pédagogique entre ce qu’on montre dans les cours théoriques et la pratique. Cette mission enseignement est très importante mais elle n’est pas facile à mettre en œuvre et ça impose une remise en question constante.
La dernière mission, c’est la recherche et là je considère qu’on travaille un peu plus pour soi. Pour moi, pour être motivé en recherche, il faut travailler sur des thématiques qui nous intéressent sinon c’est compliqué de se motiver. J’essaye vraiment de me limiter à des projets qui font sens pour moi et qui vont permettre d’enrichir les connaissances, améliorer les pratiques et de fait apporter une satisfaction personnelle.
Quels sont les avantages et les inconvénients par rapport à une activité en libéral ?
Au niveau des inconvénients, il y a un manque de personnel annexe (secrétaires, aides-soignants, infirmiers) donc c’est compliqué de trouver la même efficacité qu’en libéral même si les étudiants compensent (ce qui permet d’ailleurs d’allier la pédagogie avec l’activité clinique). En libéral, il y a cette grande liberté des praticiens avec qui on veut travailler mais la limite de cette liberté c’est qu’il ne va pas y avoir 250 confrères dans notre cabinet donc ça limite les échanges. Il y a aussi la liberté d’installation.
Les avantages de l’hospitalier : la possibilité de parler à beaucoup de collègues des différentes disciplines très facilement, la possibilité d’exercer autre chose qu’une juste activité de soins (activité de recherche et d’enseignement), la multiplicité des cas, la possibilité de se spécialiser dans des activités très particulières.
Comment rendre les carrières HU plus attractives auprès des étudiants ?
C’est la grande question. Si on veut se renouveler dans notre profession, il faut que les collègues les plus compétents et les plus pédagogues aient envie de faire une carrière HU. Pour moi, ça doit passer par l’excellence des praticiens qu’on recrute. En ce moment, on est lancé dans un cycle où on essaye absolument de recruter parce que sinon on n’aurait pas assez de personnels, il faudrait plutôt qu’on essaye de motiver les étudiants qu’on juge les plus prometteurs dans chacune des promos pour les attirer vers ces carrières.
Ça passe par plus de communication auprès des étudiants. Cette communication, on va essayer de la développer à Nantes, il y a déjà des initiatives qui ont été faites auprès des étudiants de deuxième année. Il y a également des informations qui sont données aux étudiants qu’on considère comme étant les plus motivés chez les DO5 et T1. On va également mettre en place un ELC attractivité l’année prochaine qui va essayer de combiner la triple mission pour montrer aux étudiants ce que c’est qu’une activité clinique hospitalière d’excellence, ce que c’est l’enseignement et ce que peut être la recherche. Le Doyen de notre UFR est très impliqué sur ces questions et c’est lui qui m’a missionné sur ces questions.
Le but étant de présenter tout ce panel pour que les étudiants soient conscients que le métier hospitalo-universitaire est très attrayant et où l’on peut faire plein de choses avec des activités hospitalières hyper diverses en fonction du département ou la discipline dans lequel on souhaite s’orienter. Après, il faut qu’ils soient bien conscients des inconvénients ou des difficultés qu’il peut y avoir car ça demande un gros travail en termes de formation à la recherche, de formation en clinique.
Pour résumer, deux mots : l’information et l’excellence.
Comment voyez-vous l’évolution du rapport entre l’hôpital public et le libéral ?
Là où beaucoup de gens vont trouver que ce sont des exercices qui vont être de plus en plus opposés, ce que je peux entendre, car effectivement il y a un exercice qui est différent entre le public et le libéral, ce n’est pas pour autant une opposition mais plus une complémentarité et j’espère qu’on évoluera de plus en plus vers cette complémentarité entre les deux types de structures.
Interview thèse – Julie Dubergey (Paris)
Pré rédaction – choix du sujet
C’était un peu particulier pour moi parce que mon sujet découle d’un atelier sur lequel j’ai travaillé dès la cinquième année et que j’ai mis en place en sixième année donc la thèse était la suite logique. Mais souvent le choix du sujet se fait à la suite d’une réflexion ou d’une expérience vécue lors de nos études (à l’hôpital, autour cas cliniques ou encore dans le domaine associatif) et sur laquelle on souhaite plus se pencher (ça permet d’aboutir sur des cas cliniques, des méta-analyses), ou dans la continuité d’un Master, voire même des enseignants qui nous propose de travailler sur un sujet auquel ils ont pensé.
Une fois le sujet “posé”, il faut le faire valider à la commission, savoir si le sujet est acceptable : vérifier que le sujet n’a pas déjà été fait récemment, s’il est assez précis, s’il y a assez de bibliographie disponible pour effectuer un travail de qualité, etc.
Rédaction
J’ai commencé à travailler sur ma thèse dès la cinquième année (DO5) pour préparer l’atelier, puis le mettre en place en sixième année (T1) mais la rédaction à proprement parler de la thèse n’a commencé qu’en post T1. Je n’avais pas de jours précis attribués à la thèse en soi mais souvent je travaillais dessus les jours où je n’étais pas au cabinet. En moyenne, je consacrais environ 10 à 12h de travail par semaine.
Je n’ai pas rédigé “dans l’ordre”, je ne voulais pas être bloquée sur une partie et m’empêcher d’avancer sur une autre… J’ai, en premier lieu, rédigé le corps de ma thèse (mes parties et sous-parties) avant de faire l’introduction et la conclusion. L’introduction ressemblait au résumé donné à la commission mais je suis revenue dessus pour le réarranger et le développer.
Je n’ai pas eu de difficultés particulières liés à l’accès aux ressources, c’est peut-être spécifique à chaque ville mais à Paris on avait beaucoup de ressources disponibles notamment dans les bibliothèques avec les anciennes thèses. J’avais également demandé à ma maître de thèse ses codes, cela m’a permis de lire des articles auxquels je n’avais pas accès avec mes codes étudiants.
En ce qui concerne les échanges avec son directeur de thèse, c’est très dépendant des enseignants, certains sont réactifs et disponibles très souvent et d’autres le sont moins. Personnellement, je ne lui envoyais pas régulièrement mes avancées sur la rédaction, la première fois que je lui ai envoyé c’était après avoir rédigé presque les 3/4 mais j’avais cependant en amont bien défini avec lui mon plan (que l’on était obligé de proposer à la commission d’ailleurs). Après c’est très dépendant de soi, j’avais des amis qui, dès qu’ils avaient rédigé une nouvelle partie, envoyaient à leur directeur de thèse car certains préfèrent avoir un retour précis sur chaque point.
Il ne faut cependant pas hésiter à envoyer lorsque l’on n’est pas sûr afin d’éviter un hors sujet… s’assurer que l’on travaille dans la bonne direction.
Initialement, j’échangeais par mail avec ma directrice de thèse, puis vers la fin, lorsque je la sollicitais plus nous avons basculé par message, cela permettait d’avoir un retour plus rapide.
Post rédaction – bibliographie et administratif
Le script de la thèse ainsi que la bibliographie doivent être présentés d’une certaine manière, différente selon les facs. Il faut bien s’approprier la feuille de style !
Il y a évidemment plusieurs façons de faire : tu peux commencer à rédiger sur un google doc puis tu convertis sur ta feuille de style mais ça entraîne une perte de temps conséquente. Il est plus simple de partir directement de la feuille de style, cependant le problème majeur est la perte des documents puisque tu travailles sur ton ordi… Je m’envoyais toujours une copie par mail !
En ce qui concerne la bibliographie, j’ai eu beaucoup de mal à me familiariser avec l’outil Zotero. Je ne savais pas comment l’utiliser donc il m’a fallu prendre rendez-vous avec une bibliothécaire pour suivre une formation de 3h, si c’était à refaire, j’aurais plutôt fait en sorte de la faire avant…
Il ne faut pas nier la partie administrative ! En soi, tout est bien expliqué si l’on cherche sur le site universitaire ou si l’on se rapproche du personnel administratif : les délais, quels papiers signer, à quelle date les rendre etc. J’ai commencé la rédaction de ma thèse mi septembre et j’ai fini vers la fin du mois d’avril, le mois de mai n’était qu’administratif… Il faut songer aux délais et s’y prendre à l’avance car beaucoup d’étudiants souhaitent soutenir leur thèse durant les mois de juin (avant les vacances) et de décembre (avant l’interdiction d’exercer).
Il faut également faire une proposition de jury (seuls les PU-PH peuvent être président de thèse donc à prendre en considération, notamment pour les “plus petites” villes où il y a moins de PU-PH et donc plus de restriction au niveau des dates…), ensuite après avoir déposé le script à la bibliothécaire, elle s’assure qu’il n’y a pas de plagiat dans le texte et que la mise est page est correcte et adéquate. C’est seulement après ces vérifications que l’on peut convenir de la date de la soutenance…
Petits conseils pour la fin !